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Mansa

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Le Mansa Musa (Mali) en 1375 après J.-C.

Mansa est un titre héréditaire dont les porteurs les plus connus sont les souverains de l'empire du Mali et plus particulièrement ceux de la dynastie Keïta.

Étymologie

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Mansa est un mot malinké[1] et mandinka [2] qui peut se traduire par « roi »[3], « empereur »[4] ou « chef »[5]. Mansa contraste avec un autre mot mandingue pour souverain, faama. Faama met l'accent sur l'autorité militaire et coercitive d'un dirigeant[6], et peut être traduit par « tyran »[7], tandis que mansa fait référence à un dirigeant héréditaire dont l'autorité découle de la tradition [5] et du pouvoir mystique[6]. Un dirigeant peut être à la fois un faama et un mansa, mais un mansa n'était pas nécessairement un faama[6].

Le mot mansa est enregistré en arabe au cours du XIVe siècle par des écrivains nord-africains tels qu'Ibn Battuta et Ibn Khaldun, qui l'ont expliqué comme signifiant « sultan »[8]. Des expressions apparentées à mansa existent dans d'autres langues mandé, telles que le manga en Soninke, le menge en Susu et le masa en Bambara[1]. Il est éventuellement comparé à mensey, le mot guanche désignant leurs dirigeants[5]. Le sens original du mot racine était probablement « chef des chasseurs » ou « chef des guerriers »[1].

Une traduction alternative de mansa est que mansa signifie « dieu », « le principe divin » ou « prêtre-roi ».[9]

Fonction et cour impériale

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Le Mansa désigne un dirigeant héréditaire [5],[10], communément traduit par « roi »[11],[9],[3]. Il est particulièrement connu comme le titre des dirigeants de l'Empire du Mali, tels que Mansa Musa, et dans ce contexte est parfois traduit par « empereur »[4]. C'est également un titre détenu par les chefs traditionnels des villages et, dans ce contexte, il est traduit par « chef »[5].

Dans le cas de l'empire du Mali, le Mansa est le chef du gouvernement impérial. Il concentre l’autorité politique et administrative et s’entoure de hauts dignitaires et fonctionnaires issus des lignées de compagnons de Sunjata Keita. Le système politique repose initialement sur le dugu (village), unité de base peuplée de descendants d’un ancêtre commun. Un ensemble de villages constituait une province, appelée kafu ou jamana, dirigée par un chef local[12].

À l’origine, le roi du Manden (cœur du futur empire) était un chef parmi d’autres. La consolidation des provinces du Do, du Kiri et du Bako a permis à la dynastie Keita de s’imposer, transformant le roi du Manden en un mansa exerçant son autorité sur plusieurs autres chefs. Par les conquêtes menées par Sunjata Keita et ses successeurs, ce pouvoir s’est étendu à un territoire impérial[12].

Les généraux de Sunjata Keita et leurs descendants formaient une aristocratie militaire, qui conseillait le mansa dans ses prises de décisions[12].

Parmi les haut dignitaire, le rôle du griot consiste à répéter à haute voix la parole du mansa. Cette fonction héréditaire, confiée au clan Kuyate, accompagne le Mansa dans tous ses déplacements[12].

Considéré comme le « père du peuple », le Mansa incarne la justice et la rend personnellement lors d'audiences durant lesquelles il écoute les doléances[12].

Notes et références

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  1. a b et c Misiugin et Vydrin 1993, p. 105.
  2. Schaffer 2005, p. 333.
  3. a et b Conrad et Condé 2004, p. xv,198–199.
  4. a et b Sutton 1997, p. 221.
  5. a b c d et e Vydrin 2015, p. 260.
  6. a b et c Chappatte 2022, p. 22.
  7. Vydrin 2015, p. 218.
  8. Levtzion et Hopkins 2000, p. 289,333.
  9. a et b Jansen 1998, p. 256.
  10. Jansen 1996, p. 99.
  11. Macbrair 1839, p. 40.
  12. a b c d et e Niane, 1985, p. 185-186.

Bibliographie

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  • (en) André Chappatte, In Search of Tunga: Prosperity, Almighty God, and Lives in Motion in a Malian Provincial Town, University of Michigan Press, (ISBN 978-0-472-22074-8, lire en ligne)
  • David C. Conrad et Djanka Tassey Condé, Sunjata: a West African epic of the Mande peoples, Indianapolis, Hackett, (ISBN 0-87220-697-1)
  • Jan Jansen, « The representation of status in Mande: did the Mali Empire still exist in the Nineteenth Century? », History in Africa, vol. 23,‎ , p. 87–109 (ISSN 0361-5413, DOI 10.2307/3171935, JSTOR 3171935, hdl 1887/2775 Accès libre, S2CID 53133772, lire en ligne)
  • Jan Jansen, « Hot Issues: The 1997 Kamabolon Ceremony in Kangaba (Mali) », The International Journal of African Historical Studies, vol. 31, no 2,‎ , p. 253–278 (ISSN 0361-7882, DOI 10.2307/221083, JSTOR 221083, hdl 1887/2774 Accès libre)
  • Corpus of Early Arabic Sources for West Africa, New York, NY, Marcus Weiner Press, (ISBN 1-55876-241-8)
  • R. Maxwell Macbrair, A grammar of the Mandingo language: with vocabularies, London,
  • Viacheslav M. Misiugin et Valentin F. Vydrin, « Some archaic elements in the Manden epic tradition: the "Sunjata Epic" case », St. Petersburg Journal of African Studies, vol. 2,‎ , p. 98–111 (ISSN 1025-4544)
  • Matt Schaffer, « Bound to Africa: the Mandinka Legacy in the New World », History in Africa, vol. 32,‎ , p. 321–369 (ISSN 0361-5413, DOI 10.1353/hia.2005.0021, S2CID 52045769, lire en ligne, consulté le )
  • J. E. G. Sutton, « The African Lords of the Intercontinental Gold Trade Before the Black Death: al-Hasan bin Sulaiman of Kilwa and Mansa Musa of Mali », The Antiquaries Journal, vol. 77,‎ , p. 221–242 (ISSN 0003-5815, DOI 10.1017/S000358150007520X, S2CID 129875132, lire en ligne)
  • V. F. Vydrin, Manding-English Dictionary: (Maninka, Bamana). Volume 1, A, B, D-DAD, Lac-Beauport, MeaBooks Inc, (ISBN 978-0-9939969-3-1)
  • Djibril Tamsir Niane (dir.), Comité scientifique international pour la rédaction d'une Histoire générale de l'Afrique, Histoire générale de l'Afrique : L’Afrique du XIIe au XVIe siècle, vol. IV, UNESCO, , 948 p. (ISBN 978-92-3-201710-9, lire en ligne)

Voir également

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Liens externes

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