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Prunus

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Prunus est un genre de plantes à fleurs qui regroupe plus de 300 espèces d'arbres et arbustes de la famille des Rosacées, dont beaucoup sont cultivées pour leurs fruits (abricotier, amandier, cerisier, pêcher, prunier) ou pour leur valeur ornementale (cerisier du Japon, cerisier de Virginie, laurier-cerise...). Certaines espèces ornementales n'ayant pas de nom commun sont simplement appelées « prunus ». Le noyau des fruits est toxique. Ce genre est le seul représentant de la tribu des Amygdaleae.

Histoire de la nomenclature pré-linnéenne

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Le nom de genre Prunus est emprunté au latin, prunum « prune », prunus « prunier » (Pline, XV, 41-43)[1], lui-même emprunté à une langue méditerranéenne, comme le grec προύμνον - promnon[2].

Le botaniste pré-linnéen suisse Caspar Bauhin (1560-1624) dans Pinax theatri botanici[3] (1671), regroupe sous la dénomination Prunus un ensemble d’arbres à noyau c’est-à-dire à fruit drupacé (cf. p.443-444).

Il divise Prunus en diverses formes numérotées (I., II., III...), chacune désignée par une phrase descriptive courte, fondée sur la taille et la couleur du fruit, la douceur ou l’acidité, le caractère sauvage ou cultivé.

  • I. Grosses prunes sucrées, bleu foncé (Prunus domestica subsp. domestica)
  • II. Grosses prunes sucrées, de couleur incarnat (prune de Damas rouge ?)
  • III. Petites prunes sucrée, de couleur bleu foncé (quetche ?)
  • ...
  • XIII. Prunes amygdalées de Pline (type ancestral ?)
  • XIV. Prunes un peu allongées, acides (Prunus cerasifera ?)
  • XV. Prunes jaunâtres tirant sur le rouge, au goût agréable (Cultivar?)

Cela préfigure les cultivars ou les espèces linnéennes, bien que sans nomenclature binomiale fixée. Bauhin fonde son regroupement non sur les usages médicinaux mais sur des caractères botaniques observables, principalement la forme du fruit, le type de noyau, les différences de floraison ou de feuillage.

C’est une démarche naturaliste, que Linné théorisera en définissant des genres fondés sur un petit nombre de caractères floraux et fructifères. Mais C. Bauhin a aussi (dans d'autres sections) regroupé les plantes par leur utilisation (comme les épices dans le groupe Aromata) conformément à la tradition.

Joseph Pitton de Tournefort (1656-1708) dans Institutiones rei herbariae (1719) franchit un pas de plus dans la voie de la naturalisation et établit un pont solide entre Caspar Bauhin et Carl Linné. Contrairement à Caspar Bauhin, qui regroupe empiriquement des espèces autour de noms traditionnels (comme Prunus), Tournefort donne une définition explicite du genre botanique. Il propose un système basé sur le genre comme unité centrale de classification, ce que Linné adoptera et institutionnalisera. Pour Prunus, il indique

« Le Prunus est un genre de plante à fleur rosacée, composée d’un grand nombre de pétales (B) disposés en cercle. De son calice (C) émerge un pistil (D) qui se transforme ensuite en fruit (E), généralement globuleux, charnu, mou, contenant un noyau (F), souvent aigu aux deux extrémités, et renfermant une amande (G). » (Inst. Res Herb. 1700, page 612[4]).

Il subdivise ensuite le genre en formes en s’appuyant sur des critères empiriques agricoles et gustatifs, mais il les articule dans une construction générique cohérente.

Il sépare les arbres à noyaux (drupes) selon des critères morphologiques (fleur, fruit, noyau), ce qui le conduit à former des genres distincts, que Linné, plus tard, regroupera tous dans le grand genre Prunus (au sens large, Prunus s.l.). Voici les principaux : Genus II Armeniaca, Abricotier, Genus III, Persica, Pêcher, Genus IV, Cerasus, Cerisier, Genus V, Amygdalus, Amandier.

Tournefort suit donc une logique de genre restreint (sensu stricto), basée sur les différences florales, contrairement à Bauhin qui regroupait largement. Ici, Tournefort anticipe le découpage générique plus fin que fera Linné à l’intérieur de ce que Bauhin appelait Prunus.

En 1753, Carl von Linné ne définit pas le genre Prunus par des critères morphologiques essentiels partagés mais par la liste des espèces incluses dans le genre. Le genre est défini en extension contrairement à Tournefort qui s’est essayé à une définition en intention[5].

Description

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La fleur à cinq pétales et cinq sépales est habituellement blanche en passant par toutes les nuances jusqu'au rose. Elle peut être soutenue séparément mais être en grappe ou en ombelle.

La feuille est simple et généralement lancéolée. Son pourtour est denté.

Le fruit de tous les Prunus est une drupe avec un gros noyau.

Principales espèces

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Fleur d'un Prunus

Le genre est décrit par le naturaliste suédois Carl von Linné en 1753, dans son ouvrage Species Plantarum fondateur de la nomenclature botanique moderne. Selon Plants of the World online (POWO) (20 mars 2021)[6], les genres suivants sont inclus dans le genre Prunus et sont donc synonymes :

Classification

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Selon GRIN (20 mars 2021)[7], le genre Prunus est divisé en 2 clades, 4 sous-genres et 7 sections.

Les espèces nommées merisiers ne forment pas un groupe à part entière.

Clade Amygdalus-Prunus

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Sous-genre Amygdalus (amandiers et pêchers)

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Les amandiers et les pêchers ne sont pas réellement dissociés dans la plupart des classifications. Ils forment le sous-genre Amygdalus (du grec signifiant « amande »). Celui-ci regroupe des espèces fruitières et des espèces ornementales. Il comprend les 42 espèces suivantes[8] :

Sous-genre Prunus

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Section Armeniaca (les abricotiers)
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Elle comprend sept espèces[9] :

Section Microcerasus
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Prunus tomentosa

Elle comprend les espèces suivantes[10] :

Section Penarmeniaca
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Elle comprend trois espèces[11] :

Section Prunocerasus
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Bourgeons d'un cerisier Prunus sect. Cerasus, en Suède.

Elle comprend les espèces suivantes[12] :

Section Prunus (les pruniers)
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Elle comprend les espèces suivantes[13] :

Clade Cerasus-Laurocerasus-Padus

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Sous-genre Cerasus

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Prunus cerasus (griottier)
Section Cerasus (les cerisiers)
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La classification de GRIN comporte 50 espèces de cerisiers[14] :

Section Laurocerasus (les lauriers-cerises)
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Elle comprend les vingt-sept espèces suivantes[15] :

Sous-genre Emplectocladus

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Espèces dont le sous-genre est discuté

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Les graines contiennent de l'amygdaline et des glycosides cyanogènes. Il peut se passer plusieurs heures avant que le poison fasse son effet, car les glycosides cyanogènes doivent être hydrolysés avant que l'ion cyanure soit libéré[16].

Interaction écologique

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Les Prunus sont souvent attaqué par le nodule noir (Dibotryon morbosum)[17].

Notes et références

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  1. Pline l'Ancien, texte traduit par S. Schmitt, Histoire naturelle, nrf, Gallimard, , 2130 p.
  2. Michel Chauvet, Etymologia botanica Dictionnaire des noms latins des plantes, Biotope Éditions, , 792 p.
  3. Caspari Bauhini, Pinax Theatri botanici, Basileæ, Impensis Joannis Regis, (lire en ligne)
  4. Josephi Pitton Tournefort, « Institutiones Rei Harbariae, section VII, Genus I Prunus, Prunier » (consulté le )
  5. Carl Linné, « Species plantarum » (consulté le )
  6. POWO. Plants of the World Online. Facilitated by the Royal Botanic Gardens, Kew. Published on the Internet; http://www.plantsoftheworldonline.org/, consulté le 20 mars 2021.
  7. USDA, Agricultural Research Service, National Plant Germplasm System. Germplasm Resources Information Network (GRIN-Taxonomy). National Germplasm Resources Laboratory, Beltsville, Maryland., consulté le 20 mars 2021.
  8. (en) « Species of Prunus L. subg. Amygdalus », sur Germplasm Resources Information Network (consulté le )
  9. (en) « Species of Prunus L. sect. Armeniaca », sur Germplasm Resources Information Network (consulté le )
  10. (en) « Species of Prunus L. sect. Microcerasus », sur Germplasm Resources Information Network (consulté le )
  11. (en) « Species of Prunus L. sect. Penarmeniaca », sur Germplasm Resources Information Network (consulté le )
  12. (en) « Species of Prunus L. sect. Prunocerasus », sur Germplasm Resources Information Network (consulté le )
  13. (en) « Species of Prunus L. sect. Prunus », sur Germplasm Resources Information Network (consulté le )
  14. (en) « Species of Prunus L. sect. Cerasus  », sur Germplasm Resources Information Network (consulté le )
  15. (en) « Species of Prunus L. sect. Laurocerasus », sur Germplasm Resources Information Network (consulté le )
  16. (en) Lewis S. Nelson, M.D. ; Richard D. Shih, M.D. ; Michael J. Balick, Ph.D., Handbook of Poisonous and Injurious Plants, Second Edition, New York, Springer, , 340 p. (ISBN 978-0-387-31268-2 et 0-387-31268-4)
    pages 245 à 246
    .
  17. Larry Hodgson, « Le cancer noir des cerisiers et pruniers », sur Jardinier paresseux, (consulté le )

Liens externes

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Tribu des Amygdaleae :