Relations
Relations | |
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Pays | Canada |
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Zone de diffusion | International |
Langue | Français |
Périodicité | Quadriannuel |
Genre | Revue d'analyse sociale |
Prix au numéro | 11,95$CAN |
Fondateur | Jean-d’Auteuil Richard, Jacques Cousineau |
Date de fondation | 1941 |
Ville d’édition | Montréal |
Directeur de publication | Isabelle Lemelin |
Comité éditorial | Myriam Cloutier, Isabelle Kirouac Massicotte, Julie Perreault |
ISSN | 0034-3781 |
ISSN (version électronique) | 1929-3097 |
Site web | https://cjf.qc.ca/revue-relations/ |
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Fondée en 1941 par les jésuites Jean-d'Auteuil Richard et Jacques Cousineau, Relations est l'une des publications francophones ayant connu la plus grande longévité au Québec[1]. Elle a été publiée sans interruption jusqu’à sa suspension le 21 mars 2024[2] par le conseil d'administration du Centre justice et foi, qui publiait la revue depuis 1983. Elle était membre de la Société de développement des périodiques culturels québécois (SODEP) et de l'Association des médias catholiques et oecuméniques (AMÉCO).
Relations a mis fin à ses activités à la suite de la fermeture définitive du Centre justice et foi, en janvier 2025[3]. Des défis financiers et organisationnels ont été évoqués, mais ces raisons ont été vivement critiquées, tout comme sa suspension et sa fermeture, car accompagnées par la mise à pied abrupte de son personnel pour une durée indéterminée[4]. Ces décisions ont suscité un conflit entre le conseil d’administration et les employés de la revue (et du Centre) ainsi qu’une importante mobilisation en faveur de ces derniers. Une déclaration de soutien[5] a été signée par plus de 1300 personnes et plusieurs articles ont traité de l'affaire, notamment Le Devoir et Présence Info[6].
Histoire
[modifier | modifier le code]Fondation
[modifier | modifier le code]La revue Relations, fondée en janvier 1941[7], est une initiative de l'École sociale populaire, soit le centre de documentation, d’information, de recherche et d’action sociale, de la Compagnie de Jésus[8], qui deviendra le Centre justice et foi en 1983[9],[10]. Ses fondateurs, les jésuites Jean-d’Auteuil Richard et Jacques Cousineau[11], revenaient d’Europe où ils avaient complété leurs études en sciences sociales. Inspirés par l’action ouvrière et les courants novateurs du catholicisme social en Europe, ils entendaient donner une nouvelle orientation à l’École sociale populaire, fondée en 1911 dans le but de former des prêtres et laïcs à la doctrine sociale de l’Église[7],[9].
Relations est devenue un carrefour intellectuel sans égal au Québec, rassemblant croyants et non-croyants (ou autrement croyants) dans un travail commun de pensée critique et d’engagement pour la justice[12]. La qualité des publications que cela a produit a été récompensée par plusieurs prix d’excellence et nominations venant tant de la Société de développement des périodiques culturels québécois (SODEP) que de l'Association des médias catholiques et oecuméniques (AMÉCO)[13]. Sous la direction de Jean-Claude Ravet, l’anthologie Relations, plus de 75 ans d’analyse sociale et engagée, publiée chez Lux Éditeur[14], relate une partie de la contribution de Relations à la vie intellectuelle et sociale du Québec. Longtemps, des Soirées Relations et des journées d’étude liées à ses dossiers ont permis de prolonger les réflexions et débats qu’elle proposait.
L'affaire silicose
[modifier | modifier le code]En mars 1948, Relations publie les articles « La silicose » de Burton Ledoux et « Les victimes de Saint-Rémi sont nos frères » de Jean d’Auteuil-Richard[15]. Tous deux dénoncent les conséquences de la maladie pulmonaire dont sont victimes les travailleurs d'une mine appartenant au groupe financier Timmins, à Saint-Rémi-d'Amherst, dans les Laurentides[16]. Il dénonce aussi les conditions de vie des mineurs, le groupe financier menace les jésuites d'une poursuite en diffamation[15]. Le directeur de la revue Jean-d'Auteuil Richard est démis et affecté à d'autres fonctions dans l'Ouest canadien[11], tandis que le père Adélard Dugré, directeur par intérim de la revue, publie une rétractation en juillet 1948[15]. L'année suivante, en 1949, l'amiantose, une autre maladie pulmonaire liée à l'exploitation d'une autre mine, entraînera une longue grève dite la Grève de l'amiante, à Thedford Mines, dans les Cantons de l'Est[16].
Les années 1960 et 1970
[modifier | modifier le code]Deux dynamiques sociales de la société québécoise au cours de la décennie 1960 ont fait l'objet d'analyses dans la revue Relations : la Révolution tranquille et le Concile Vatican II[17]. Le concile Vatican II, convoqué par le pape Jean XXIII, est suivi de plusieurs changements au sein de l'Église catholique. Relations, qui a alors de nombreux collaborateurs jésuites à l'international, publie plusieurs analyses des débats durant le Concile et de l’encyclique Pacem in terris[17].
À la suite de l'élection du Parti libéral de Jean Lesage en 1960, Relations se penche sur les transformations amenées par la Révolution tranquille dans plusieurs articles[17]. Plusieurs contributions publiées dans la revue Relations s'inscrivent alors dans les débats de l’époque ; la Commission royale d'enquête sur l'enseignement, mieux connue sous le nom de Commission Parent, la création de la Caisse de dépôt et placement du Québec et les mesures concernant l'usage de la langue française au Québec[17].
En 1969, Irénée Desrochers est nommé directeur et Guy Bourgeault secrétaire de la rédaction[17]. C'est également à partir de cette année que les textes publiés sont désormais signés[17].
De 1971 à 1975, un examen critique des pratiques et des enseignements de l'Église catholique, notamment celle de Montréal, donnera lieu à des remises en question tant sur les plans dogmatique, éthique et politique[17], ce qui entraînera, en 1976, la nomination d’un nouveau comité de rédaction et sa mise en tutelle par la création d’un conseil de direction chargé d’approuver les nouveaux membres[17].

Années 2000
[modifier | modifier le code]Relations devient membre de la Société de développement des périodiques culturels québécois (SODEP) en 2010[18].
En 2012, Bibliothèque et Archives nationales du Québec (BAnQ) numérise tous les numéros de la revue Relations parus entre 1941 et 2012. 779 numéros sont alors mis à disposition des usagers sur le catalogue numérique de la BAnQ[8],[19].
Ligne éditoriale
[modifier | modifier le code]Tout au cours de son histoire, Relations publie des textes d’analyse sociale et de réflexion critique concernant les enjeux sociaux, religieux, politiques, environnementaux et culturels de son époque, dans une perspective progressiste[19]. À partir des années 2000, elle propose davantage de réflexions spirituelles et littéraires (dans le Carnet, la chronique littéraire/poétique, la rubrique Questions de sens, par exemple), ainsi que les œuvres d’un grand nombre d’artistes visuels du Québec[20]. Elle s'adresse à un lectorat majoritairement québécois. Toutefois elle rejoint aussi un lectorat ailleurs dans la francophonie et s’est toujours montrée ouverte sur le monde, réservant une place importante aux réalités vécues par les populations exclues et les mouvements sociaux d’autres pays, bénéficiant en cela de la contribution du réseau international des jésuites[21].
Comité de rédaction et contributeurs
[modifier | modifier le code]Au moment de sa suspension en mars 2024, l'équipe de la revue Relations était composée d'Isabelle Lemelin (directrice de la revue et du Centre justice et foi) et de Myriam Cloutier, Isabelle Kirouac Massicotte et Julie Perreault, les trois employées affectées à sa production[22],[23].
Concours et bourses
[modifier | modifier le code]Bourse Bertrand
[modifier | modifier le code]Depuis 1988, le Centre justice et foi en collaboration avec Relations décerne annuellement une bourse à un étudiant inscrit au doctorat dans une université québécoise. Le lauréat est invité à devenir collaborateur du Centre de justice et foi en plus de se voir remettre un montant d'argent[24].
Concours d'écriture « Jeunes voix engagées »
[modifier | modifier le code]Depuis 2016, Relations organise annuellement un concours d'écriture qui s'adresse aux jeunes adultes de 18 à 30 ans. Les participants peuvent soumettre un texte dans l'une des deux catégories proposés, soient « Analyse » et « Création ». Les gagnants se voient offrir un prix en argent, une publication dans la revue ainsi qu'un abonnement d'un an[25].
Dans la liste des lauréats et lauréates se trouvent : Marie-Laurence Rancourt (2016), Simon Chaunu (2019), Sophie Marois (2020) et David Carpentier (2021)[26].
Prix et honneurs
[modifier | modifier le code]- 2012 : Prix d’excellence de la SODEP, catégorie meilleur dossier ou reportage, pour le dossier « La force de l’indignation » (no 747, mars 2011)[27]
- 2013 : Prix d’excellence de la SODEP, catégorie meilleur dossier ou reportage, pour le dossier « La mémoire vivante » (no 758, août 2012)[28]
- 2014 : Prix d’excellente de la SODEP, catégorie création en prose, pour le texte « Sofialorène, si loin de la délivrance » de Marie-Célie Agnant[29].
- 2016 : Prix d’excellence de l’Association des médias catholiques et œcuméniques (AMéCO) pour le dossier « Fragments d’éphémère » (no 779, août 2015)[30]
- 2016 : Prix d’excellence de la SODEP, catégorie portrait ou entrevue, nomination de « Mes langues à moi sont toutes mortes » de Rodney Saint-Eloy (no 778, juin 2015)[31]
- 2016 : Prix Lyse-Daniels, volet international, décerné par Impératif français[32]
- 2018 : Prix d’excellence de l’AMéCO, catégorie réflexion pour le texte de Frédéric Barriault « Des sources chrétiennes aux luttes sociales »[30]
- 2020 : Prix d’excellence de l’AMéCO, catégorie réflexion pour le texte de Jean-Claude Ravet « Le devenir machine de l’être humain ? », paru dans le dossier de mai-juin 2020 sur l’intelligence artificielle[30].
- 2021 : Prix d’excellence de la SODEP, catégorie création littéraire, pour le texte « Gianna » de Yara El-Ghadban (no 810, octobre 2020)[28].
- 2022 : Prix d’excellence de la SODEP, catégorie article de fond ou reportage pour le texte « Sarha » de Yara El-Ghadban (no 812)[28].
Notes et références
[modifier | modifier le code]- ↑ Andrée Fortin, Passage de la modernité. Les intellectuels québécois et leurs revues (1778-2004) 2e édition,, Québec, PUL,
- ↑ « Communiqué officiel », sur Site Web officiel du Centre justice et foi,
- ↑ Catherine Lalonde, « Les Jésuites ferment définitivement la revue «Relations» et le Centre justice et foi », sur Le Devoir, (consulté le )
- ↑ Gilles Bibeau et Jean-Claude Ravet, « Réparer les pots cassés et sauver «Relations» », Le Devoir,
- ↑ « Déclaration «Solidarité avec le personnel mis à pied du Centre justice et foi!» », sur Site officiel du comité de soutien Soutenons les employés du CJF
- ↑ « Section Dans les médias », sur Site officiel du comité de soutien Soutenons les employés du CJF
- Louis Cornellier, « Revues - 70 ans de Relations », sur Le Devoir, (consulté le )
- François Gloutnay, « La revue Relations entièrement numérisée », sur Presence-info.ca, (consulté le )
- Marie-Hélène Alarie, « Centre Justice et foi - «On peut collectivement faire des transformations profondes» », sur Le Devoir, (consulté le )
- ↑ Hélène Roulot-Ganzmann, « Centre Justice et Foi - «Notre analyse se développe au nom d'un parti pris et d'un choix de valeurs de dignité humaine» », sur Le Devoir, (consulté le )
- « Relations célèbre ses 70 ans : il était une foi... », sur La Presse, (consulté le )
- ↑ Catherine Caron, « Relations à l'heure des ruptures », À Bâbord!, no 102, hiver 2024-2025 (lire en ligne)
- ↑ « Prix d’excellence remportés par la revue Relations », sur Site officiel de la revue Relations (consulté le )
- ↑ Jean-Claude Ravet (dir.), Relations. Plus de 75 ans d'analyse sociale et engagée, Montréal, Lux Éditeur, , 288 p. (présentation en ligne)
- Christophe Genois-Lefrançois, De tissus, d'amiante et de cuivre. L'Église catholique québécoise et trois grèves ouvrières. Une analyse de la revue Relations (1946-1957), Montréal, Université du Québec à Montréal, , 123 p. (lire en ligne)
- Suzanne Clavette, L’Affaire silicose par deux fondateurs de Relations, Québec, Presses de l'Université Laval,
- Relations. Plus de 75 ans d'analyse sociale et engagée, Montréal, Lux, (ISBN 978-2-89596-184-0)
- ↑ « Numéro 817 - Été 2022 », sur Sodep (consulté le )
- « Engagée dans son époque | UQAM », (consulté le )
- ↑ « Liste des artistes invités publiés depuis 2000 », sur Site officiel de la revue Relations (consulté le )
- ↑ « Communauté mondiale », sur Site officiel de la Compagnie de Jésus (consulté le )
- ↑ Revue Relations, «Guerre-paix: perspective en clair-obscur», Centre justice et foi, , 824e éd. (lire en ligne), p. 2
- ↑ « Relations », sur Site Web d'Érudit (consulté le )
- ↑ Simeu_Brice Armel, « Récipiendaire de la Bourse Bertrand - Revue Relations 2021-2022 », sur Institut d'études internationales de Montréal (IEIM-UQAM), (consulté le )
- ↑ Étienne Gélinas, « Revue Relations: Concours d'écriture sous le thème de l'... », sur Zone Campus, (consulté le )
- ↑ « CONCOURS D'ÉCRITURE », sur Centre justice et foi (consulté le )
- ↑ « FINALISTES AUX PRIX D’EXCELLENCE DE LA SODEP 2012 »
- « Les prix d'excellence de la SODEP », sur Sodep (consulté le )
- ↑ « Prix d'excellence de la SODEP 2014 »
- « Prix Excellence AMéCO », sur AMéCO (consulté le )
- ↑ « Les lauréat.e.s et finalistes 2016 », sur Sodep (consulté le )
- ↑ « Relations a 75 ans », sur La Presse, (consulté le )
Voir aussi
[modifier | modifier le code]Articles connexes
[modifier | modifier le code]Liens externes
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- Sites officiels : revuerelations.qc.ca, issuu.com/revuerelations et www.cjf.qc.ca/fr/relations/page_texte.php?id=42
- Ressources relatives à la recherche :
- Association des médias catholiques et œcuméniques